Chronique d’un projet avorté- Rappel:
À l’automne 2008, les intervenants politiques et du milieu des affaires ont annoncé la réalisation du projet de Xunlight à Sainte-Anne-des-Monts. Dans l’ordre habituel : Xunming Deng, président de Xunlight Corporation, président et chef exécutif de Xunlight Québec Solaire inc.; le ministre Raymond Bachand; la mairesse Micheline Pelletier; le préfet de la MRC de La Haute-Gaspésie, Majella Émond, et la ministre Nathalie Normandeau.
(RC) Il y a un an, Sainte-Anne-des-Monts a vu s’envoler un projet de 27 millions de dollars qui allait créer 200 emplois. Chronique d’un projet qui s’est enlisé dans les dédales du ministère du Développement économique avant de s’envoler ailleurs.De passage à New York à l’occasion d’une mission de démarchage économique, le directeur du
Centre local de développement (CLD) et de la MRC Haute-Gaspésie, Jacques Paquin, était parvenu à convaincre un groupe d’investisseurs de l’Ohio de venir construire leur usine de fabrication de panneaux solaires de nouvelle génération à Sainte-Anne-des-Monts.
Les avantages financiers consentis par le gouvernement Charest aux régions-ressources ont pesé lourd dans la balance, reconnaît Jacques Paquin : terrains gratuits, exemption de taxe municipale, crédits sur les salaires des employés et sur l’achat d’équipement... Le projet prévoyait initialement un investissement de 80 millions de dollars devant créer 1 000 emplois, que le gouvernement a fait couper en quatre, précise M. Paquin
« Difficilement réalisable »Un « avis sectoriel » défavorable conçu par un fonctionnaire du ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE) est venu compliquer le cheminement du projet au point de faire fuir les promoteurs, la firme
Xunlight, signale la mairesse Micheline Pelletier.
Dans son évaluation, l’ingénieur du MDEIE Denys Laplante écrivait que les routes gaspésiennes se prêtaient mal au transport des matières premières utilisées dans la fabrication de ces panneaux solaires et qu’il serait plus rentable d’installer l’usine à proximité des sources de matières premières, soit à Bécancour ou à Magog.
« Il est difficile de comprendre pourquoi la compagnie désire fabriquer des panneaux photovoltaïques à Sainte-Anne-desMonts (...) L’alimentation industrielle en électricité n’est pas disponible (...) L’emploi d’une si haute technologie nécessite une main-d’oeuvre spécialisée qui n’est pas nécessairement disponible.
« L’implantation d’une usine d’un si haut niveau de technologie m’apparaît difficilement réalisable à Sainte-Anne-desMonts (...) Je vous invite à faire preuve de prudence et de discernement dans le choix de vos projets », a écrit M. Laplante à l’intention de Jacques Martin, qui était à l’époque commissaire-démarcheur pour le CLD Haute-Gaspésie.
L’oiseau s’est envoléLa réception de cette missive a déclenché une réaction immédiate au CLD et à la
Ville de Sainte-Anne-des-Monts. « On a dit hein! Quessé ça! L’avis sectoriel était erroné » , tempête Micheline Pelletier. Un deuxième avis sectoriel fut produit. En novembre 2008, la ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau, et son collègue du MDEIE Raymond Bachand annonçaient la réalisation du projet à Sainte-Anne-des-Monts.
Xunlight devait investir 7 millions de dollars et le
MDEIE accordait une subvention de 7 millions, le solde étant couvert par une combinaison de prêts et garanties de prêts. « On n’a signé aucun document. Le temps a passé, le dollar canadien est tombé de 20 cents. Il a fallu présenter deux nouveaux plans d’affaires et la compagnie devait mettre 4 millions de plus. Ils ont refusé, le gouvernement de l’Ohio leur a fait une offre et ils sont retournés chez eux », raconte Mme Pelletier.
« Si on avait signé le contrat au moment de l’annonce, on aurait aujourd’hui 200 personnes qui travailleraient à cette usine », soupire Jacques Paquin.