L’impôt élevé tue la consommationRéduire l’impôt sur le revenu tout en augmentant la taxe à la consommation permet de stimuler la croissance. « L’économie globale ne sera que bonifiée », a affirmé Matthieu Arseneau de la Financière Banque Nationale.« Une baisse de 3 milliards $ des impôts sur le revenu équivaut à une hausse de 2 % de la TVQ, ce qui entraînerait une augmentation de 0.14 % de la croissance par an, a-til estimé. Le gouvernement pourrait alors disposer de 4,9 milliards $ de plus dans un horizon de dix ans. »
« Face à une dette de 184 milliards $, la somme peut paraître modique; mais avec un ensemble de mesures comme celles-ci, le gouvernement pourra gérer plus efficacement ses finances et ainsi résorber son déficit accumulé », a précisé M. Arseneau.
Les taxes à la consommation sont moins dommageables envers l’économie que l’impôt sur le revenu, pense Luc Godbout, professeur à l’
Université de Sherbrooke.
« L’impôt sur le revenu n’incite pas les Québécois à travailler davantage et n’encourage pas l’investissement, a-t-il dit. La taxe à la consommation, à l’inverse, pousse les gens à épargner, car ils font plus attention à leurs dépenses. »
« Trop dépendant de l’impôt »Pour l’instant, le gouvernement québécois assoit près de 17 % de son assiette fiscale sur la taxe à la consommation. L’impôt sur le revenu, lui, représente le tiers des revenus fiscaux.
« Le Québec est trop dépendant de l’impôt sur le revenu. C’est la particularité des provinces canadiennes et des États-Unis », a expliqué M. Godbout. Il y aurait donc de la place pour un réajustement.
Les pays européens, eux, ont déjà compris les bienfaits du transfert de la substitution. « Les pays européens ont poussé leur taux d’imposition de la taxe à la consommation jusqu’à 20 %, voire 25 %, le maximum qui est autorisé par l’Union Européenne » , a expliqué Alain Charlet, membre du
Groupe Technique Consultatif de l’OCDE sur les impôts et la consommation. Les pays scandinaves, à ce titre, font figure de modèles.
Peu de marge de manoeuvreDe tels résultats devraient pousser le gouvernement québécois à s’y mettre lui aussi. Mais la marge de manoeuvre n’est pas la même. Avec une taxe à la consommation totale de 13,93 %, la province serait une des plus imposées au pays. Or, elle s’apprête à atteindre 14,98 % en janvier 2012.
« Les États-Unis sont particulièrement réticents envers les taxes à la consommation. Si la taxe devient trop élevée, les Québécois n’hésiteront pas à aller faire leurs courses dans les régions limitrophes », a noté M. Godbout.
Les consommateurs canadiens pourraient fortement réagir à l’augmentation du prix des produits. Une récente étude des professeurs Chandra, Head, et Tappata de l’Université de Colombie-Britannique démontre qu’une appréciation de 10 cents du dollar canadien actuel se traduit par une hausse de 20 % des déplacements vers les États-Unis.
« Que ce soit le taux de change ou la taxe sur la consommation, cela ne change rien du point de vue du consommateur » , a estimé Nicolas Vincent, professeur d’économie à HEC Montréal.